Accéder au contenu principal

Foxygen, X-Ray Eyeballs - Paris, La Mécanique Ondulatoire - 30 novembre 2012

Dès les premiers instants, on avait l'air d'intrus, maman et moi. La Mécanique Ondulatoire est avant tout un bar. On y rentre comme on veut et c'est Happy Hour jusqu'à 21h. Pour les accros au tabac, il y a même un fumoir à l'étage. Mais pas d'endroit apparent où jouer de la musique.  Pas de vigile non plus à l'entrée. Pas de billetterie. Personne à nous demander quoi que ce soit : on a dû se tromper. On finit quand même par trouver un escalier qui descend dans une cave voutée. Les membres de Foxygen sont là à régler leurs instruments, entourés de deux personnes qui semblent être des techniciens. C'est facile à deviner, car comme souvent, ceux-ci ont l'allure de metallos, avec leurs cheveux longs et leurs tee-shirts à l'effigie de Machine Head. Pas vraiment dans l'esprit de la soirée. Comme ça n'a pas l'air de commencer tout de suite, on remontre au rez-de-chaussée prendre une bière. Une heure passe et toujours rien. Petit à petit, le bar se remplit. Un groupe de jeunes bobos semblent avoir organisé une soirée ayant pour thème la moustache. Garçons comme filles, ils bavardent tous, le plus sérieusement du monde, affublés d'une moustache postiche collée sous le nez. L'étau finit par se resserrer près de l'escalier qui descend à la cave. La caisse s'installe au bas. Les concerts peuvent commencer. Enfin. C'est Foxygen qui ouvre les hostilités. Ceux pour qui on s'est déplacé, car leur premier LP "Take The Kids Off Broadway" est une des plus réjouissantes nouveautés de 2012. Un habile mélange de tout le meilleur des années 1970, de Bowie aux Rolling Stones post "Beggars Banquet" (un de leurs titres ressemblent à s'y méprendre au mythique "Sympathy For The Devil"). Ils sont jeunes, terriblement jeunes. Le guitariste a même encore de l'acné. Mais, progressivement, on oublie leur dégaine de petits hipsters new-yorkais pour être subjugué par l'énergie déployée et la qualité de leur son, qui plus est, dans un espace aussi confiné. Ils ont quelque chose, c'est évident. On retrouve bien sur scène, le côté "montagnes russes" de leurs mélodies. On pense donc aux Stones, surtout, mais aussi au Velvet, voire même aux B52's. Ils dégagent en plus, une fraîcheur et une sympathie non feintes. Je saute sur l'occasion, à la fin du set pour leur acheter le vinyle. Il faut faire vite, ils n'en ont pris qu'une toute petite poignée. Le guitariste m'avoue n'être pas très familier avec les euros et me laisse prendre, en confiance - il doit savoir que papa n'est pas un voleur :) - la monnaie dans les quelques pièces qu'il me tend.
J'arbore alors fièrement le disque sous le bras, pendant que la deuxième formation de la soirée se prépare. Il faut dire que dès les préparatifs, on sent que le style sera différent. X-Ray Eyeballs privilégie le look avant le son. C'est indéniable. Leur punk-rock façon Ramones est pour le moins basique. Il n'empêche que le rare public restant est plutôt enthousiaste et entame rapidement un pogo. Le chanteur-guitariste d'origine asiatique est excité comme une puce, par rapport aux autres membres du groupe. Notamment de la guitariste aux longs cheveux bouclés, qui a l'air complètement absente, donnant presque l'impression de jouer une autre musique. Tout finira par un porté du leader de X-Ray Eyeballs directement jusqu'au bar. Il faut dire que l'avancement de la soirée aidant, on se laisserait presque avoir par cette musique très premier degré. On remonte finalement l'escalier vers la sortie, s'apercevant au passage qu'à l'étage, se joue tout autre chose. Les gens, bien plus nombreux qu'en bas, semblent ne même pas savoir qu'un concert avait lieu juste au-dessous. Comme si cette soirée ne s'était finalement pas passée. Et si Foxygen, groupe fantasmé de tout amateur de rock, n'existait pas vraiment ?

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

James Yorkston, Nina Persson & The Second Hand Orchestra - The Great White Sea Eagle

  Après la parenthèse de l'iguane, revenons à de la douceur avec un nouvel album de l'écossais James Yorkston et son orchestre de seconde main suédois - The Second Hand Orchestra, c'est leur vrai nom - mené par Karl-Jonas Winqvist. Si je n'ai jamais parlé de leur musique ici, c'est sans doute parce qu'elle est trop discrète, pas assez moderne et que leurs albums devaient paraître alors que je donnais la priorité à d'autres sorties plus bruyantes dans tous les sens du terme. Je profite donc de l'accalmie du mois de janvier pour me rattraper. Cette fois-ci, avant de rentrer en studio avec leur orchestre, Yorkston et Winqvist se sont dit qu'il manquait quelque chose aux délicates chansons écrites par l'écossais. Une voix féminine. Et en Suède, quand on parle de douce voix mélodique, on pense évidemment à Nina Persson, l'ex-chanteuse des inoffensifs Cardigans dont on se souvient au moins pour les tubes " Lovefool " et " My favorite

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,

Top albums 2023

2023, fin de la partie. Bonjour 2024 et bonne et heureuse année à toutes et tous ! Je termine cette fois-ci un premier janvier, sur le fil, histoire de bien clôturer l'affaire, sans anticipation. Avant de vous dire qu'il s'annonce plein de bonnes choses musicalement parlant pour la nouvelle année, voici un récapitulatif de l'an dernier en 10 albums. 10 disques choisis le plus subjectivement possible, parce que ce sont ceux qui m'ont le plus emballé, le plus suivi pendant douze mois et qui je pense, me suivront le plus longtemps encore à l'avenir. 10- Young Fathers - Heavy, Heavy Ces jeunes pères de famille inventent une pop futuriste à partir de mixtures de TV On The Radio, Animal Collective ou autre Massive Attack. C'est brillant, novateur, stimulant, mais cela a parfois le défaut de ses qualités : notre cerveau est régulièrement en surchauffe à l'écoute de ces morceaux bien trop denses pour le commun des mortels, incapable de retenir autant de sons, d&