Accéder au contenu principal

Mes Indispensables : Portishead - Third (2008)

On continue cette semaine avec les plus grandes voix féminines du rock actuel. Et dans le domaine, impossible de ne pas citer Beth Gibbons et son groupe Portishead. La formation de Bristol n'a sorti que trois véritables disques en plus de 15 ans d'existence, mais ce sont trois chefs d'oeuvre. A commencer par le dernier, "Third", sans doute mon préféré, le plus rock en tout cas. Mais l'album solo de la chanteuse en compagnie de Rustin Man, l'ancien bassiste des regrettés Talk Talk est excellent aussi. Bref, discographie peu étoffée mais impeccable. Et que dire des prestations scéniques de la dame en question ! Une voix à vous arracher des larmes et vous faire parcourir le corps de frissons. Le tout sans crier le moins du monde, tout en retenue. Comme quoi, l'émotion n'est pas une question de performance, mais de ressenti. Pourtant, à la voir arrivée sur la grande scène du Zénith de Paris ou de celle du Grand Rex, elle ne payait pas de mine, engoncée dans un jean-basket passe-partout. Mais  chez Beth Gibbons, nul besoin de fioriture, l'essentiel est ailleurs. Geoff Barrow, l'autre leader de Portishead, le metteur en son principal, partage la même philosophie : pas le genre de la maison de se mettre en avant ! C'est la même exigence qui prime, la même recherche de la perfection.
A chaque nouvelle sortie, le groupe a aussi réussi à se réinventer. Précurseurs avec Massive Attack et Tricky du mouvement trip-hop au moment de leur premier disque, ils ont ensuite basculé vers une musique tout aussi émouvante mais plus orchestrée sur leur deuxième album "Portishead". Enfin, onze ans après, ils sont revenus, en 2008, avec un son plus violent, limite indus', voire krautrock, très inspiré entre autres par les allemands de Can. Elu disque de l'année 2008 haut la main ici même, "Third" fut une véritable claque, reléguant la grande majorité de la production actuelle au statut d'oeuvrettes banales et anecdotiques. Portishead fait incontestablement partie des quelques groupes contemporains qui comptent et qui resteront.

Clip de "Machine Gun" :

Clip de "The Rip" :

Commentaires

  1. Tout à fait d'accord.
    Un des groupes les plus esssentiels de ces vingt dernières années et "Third" l' album de 2008, j'adhère : austère, angoissant, presque effrayant mais d'une glaciale beauté.
    Quant à la présence scénique de Dame Gibbons, je l'ai juste vu en concert privé sur Canal + : c'était certainement un des plus beaux sets musicaux que j'ai vus à la télé, les frissons passaient l'écran ; suivi d'un entretien avec Barrow & Utley, sans Beth, malheureusement évaporée dans la nature. Sauvage, la dame ....

    RépondreSupprimer
  2. Oui, "austère, angoissant", mais avec une telle chanteuse, ils peuvent tout se permettre ou presque, ce qui les rend d'autant plus passionnants.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

James Yorkston, Nina Persson & The Second Hand Orchestra - The Great White Sea Eagle

  Après la parenthèse de l'iguane, revenons à de la douceur avec un nouvel album de l'écossais James Yorkston et son orchestre de seconde main suédois - The Second Hand Orchestra, c'est leur vrai nom - mené par Karl-Jonas Winqvist. Si je n'ai jamais parlé de leur musique ici, c'est sans doute parce qu'elle est trop discrète, pas assez moderne et que leurs albums devaient paraître alors que je donnais la priorité à d'autres sorties plus bruyantes dans tous les sens du terme. Je profite donc de l'accalmie du mois de janvier pour me rattraper. Cette fois-ci, avant de rentrer en studio avec leur orchestre, Yorkston et Winqvist se sont dit qu'il manquait quelque chose aux délicates chansons écrites par l'écossais. Une voix féminine. Et en Suède, quand on parle de douce voix mélodique, on pense évidemment à Nina Persson, l'ex-chanteuse des inoffensifs Cardigans dont on se souvient au moins pour les tubes " Lovefool " et " My favorite

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,

Top albums 2023

2023, fin de la partie. Bonjour 2024 et bonne et heureuse année à toutes et tous ! Je termine cette fois-ci un premier janvier, sur le fil, histoire de bien clôturer l'affaire, sans anticipation. Avant de vous dire qu'il s'annonce plein de bonnes choses musicalement parlant pour la nouvelle année, voici un récapitulatif de l'an dernier en 10 albums. 10 disques choisis le plus subjectivement possible, parce que ce sont ceux qui m'ont le plus emballé, le plus suivi pendant douze mois et qui je pense, me suivront le plus longtemps encore à l'avenir. 10- Young Fathers - Heavy, Heavy Ces jeunes pères de famille inventent une pop futuriste à partir de mixtures de TV On The Radio, Animal Collective ou autre Massive Attack. C'est brillant, novateur, stimulant, mais cela a parfois le défaut de ses qualités : notre cerveau est régulièrement en surchauffe à l'écoute de ces morceaux bien trop denses pour le commun des mortels, incapable de retenir autant de sons, d&